Comme un petit air frais le soir contre ta joue
Sans doute ai-je toujours aimé cultiver l’art d’être à contre-courant, art d’autant plus malaisé à pratiquer qu’il nécessite à la fois d’excellentes qualités d’adaptation et de contradiction. Deux domaines dans lesquels j’excelle, mais qu’il est peu usuel d’associer.
Ajoutons à cela une nature assez complexe, souhaitant par dessus tout ne jamais déranger, encore moins décevoir … et vous comprendrez à quel point il me semble parfois passer ma vie en raquettes, sur un fil de funambule
Sans doute l’exercice est-il tordu, sans doute n’y a-t-il même aucun intérêt à le pratiquer, sans doute … c’est pourtant par la route inverse que je reviens toujours à moi ou à ce qui fut moi avant certains de ces cataclysmes qui émaillent nos existences et les laissent à jamais béantes.
La route inverse, c’est parfois un petit rien, juste une envie de retrouver un vieux bonheur enfoui. Vous vous égarez dans vos souvenirs, vous effleurez nonchalamment vos livres, vous décidez de cuisiner à nouveau, pour de vrai, pour du neuf. Vous ouvrez ce livre de cuisine et tombez sur un petit mot écrit par une amie. Un livre sur les légumes oubliés. Un livre.
Je me souviens des week end avec mon père. Tous deux nous avions deux passions. Alf et le personnage d’Higgins, dans Magnum. Je crains fort cependant que le penchant que semblait manifester avec tant d’ardeur l’auteur de mes jours ne fût avant tout que l’expression du seul et merveilleux souhait de partager avec moi ces moments d’euphorie qui nous étaient si rares … Quel point commun entre ces deux personnages de série ? A priori aucun. A l’antithèse l’un de l’autre, devrais-je dire « à contre-courant », ils avaient pourtant réussi à nous réunir au milieu d’une connivence rare. Complicité.
Perdre un être cher c’est perdre la complicité qui vous liait à lui, à elle. Autant de fils tissés non pas pendant des années, non, mais souvent dès l’instant même de vos rencontres. Comme si vous vous connaissiez déjà depuis si longtemps. J’aime à me bercer de cette idée, qui m’est une certitude.
Dans l’un de ces épisodes que nous affectionnions mon père et moi, il advint cette réflexion superbe d’Higgins à propos des vertus consolatrices d’une tasse de thé. J’en fis l’une de mes devises : il n’est rien qui ne trouve consolation au fond d’une tasse de ce breuvage. Connaissant mon absence de mesure, sans doute est-il heureux pour mes proches que cette remarque n’ait porté sur les vertus du whisky …
A ceci j’ajouterai également qu’il est cher à mon cœur et très émouvant de faire -à nouveau- résonner mes chaudrons
Grande gratitude à mon amie Claire et à vous qui me fîtes signe tantôt, sur ma Planète abasourdie
Clin d'œil à Marianne dont la grâce était sans failles
A tout bientôt